Yannick Chauffaut, membre de l’association des amis bretons de Colomban, a réalisé pendant l’été 2015 un ex-voto pour l’association. C’est une grande maquette d’environ un mètre quatre-vingt, représentant un grand curragh irlandais, avec deux mâts et ses voiles carrées, pouvant transporter une douzaine de personnes.

Le curragh Saint Colomban : ex-voto colombanais

Les légendes bretonnes disent que les moines celtes étaient venus de leurs lointaines contrées sur des bateaux de pierre. En réalité, ce fut plutôt sur de frêles mais très marins esquifs en bois – des curraghs. Les auges de pierre que l’on a pu retrouver sur nos plages servaient à la fois de lest pour un meilleur équilibre du bateau, et de support pour un feu permettant de cuire quelques aliments lors des longues traversées.

curragh-SaintColomban

 

A l’époque de Colomban, les grands curraghs d’une douzaine de mètres, partaient très au large des côtes et transportèrent sans doute tous les moines celtes qui arrivèrent sur le continent européen du 5è au 7è siècles.

Ce type de bateau existe toujours sur les côtes ouest de l’Irlande mais dans un format plus petit d’environ six mètres et uniquement aux avirons.

Comment ces hommes pouvaient ils traverser des océans sur de si frêles esquifs ? Des ethnologues ou des passionnés en ont reconstruits pour comprendre. Nous vous présenterons ces projets du Brendan, du Sant Efflam, du ComCille et du Brioc.

 

ex-voto Saint Colomban

Pour notre association cette maquette de curragh est un ex-voto que nous présenterons lors des cérémonies associées à Saint Colomban. Le reste du temps, l’ex-voto est exposé dans l’église Saint Colomban à Saint-Coulomb, à l’entrée de la nef devant la tribune.


 Curraghs d’aujourd’hui

Le curragh (ou currach, ou coracle) est un terme générique pour un type de bateau constitué d’une structure en lattes de bois « tressées » et recouverte d’une toile imperméabilisée. Ce sont des bateaux de taille modeste, de 1,50 m pour le coracle de rivière à 6 m pour les curraghs de mer.

Article de l'Est Républicain

Article de l’Est Républicain

Très courant sur les côtes ouest de l’Irlande, on en retrouve aussi au pays de Gales, également en inde ou au Vietnam et même de façon plus anecdotique en Bretagne.

C’est le cas du curragh de pêche à trois rameurs construit, pour le plaisir, par le charpentier de marine Laurent Corson de Locquirec. Les hasards de la vie firent venir par la suite ce curragh sur le site de la Vallée des Saints où il fut acquis par nos amis de Luxeuil pour l’installer de façon symbolique, devant leur abbaye Saint Colomban.


Etudes ethnologiques

Dans les temps anciens, notamment pendant les migrations des moines celtes du haut moyen age, les curraghs auraient existé dans des tailles plus conséquences pouvant transporter de 10 à 15 personnes. On peut se poser beaucoup de questions sur ces voyages hauturiers avec des bateaux qui paraissent si fragiles. Comment faisaient-ils ?

Pourquoi donc les moines celtes voyageaient sur les curraghs plutôt que sur des bateaux plus solides qui existaient aussi ? Peter Tremayne évoque ces gros bateaux en bois dans plusieurs de ses romans dont le pèlerinage de Sœur Fidelma vers Saint-Jacques-de-Compostelle.

Nous vous présentons quelques exemples où des passionnés d’histoire et de patrimoine ont essayé de trouver des réponses. Ils ont reconstruit ces curraghs. Ils ont refait ces voyages extraordinbaires

Le Brendan

Le voyage de Saint Brendan est sans doute le plus légendaire de ces voyages extraordinaires réalisés par les moines celtes du VIè siècle. Brendan, dans la tradition celte de l’immram, part en quête du paradis quelque part vers l’ouest au delà de l’océan. Longtemps racontée de bouche à oreille, cette navigation fut transcrite en vers français  dans un ouvrage médiéval qui eut un grand succès.

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Cette belle histoire est détaillée dans ce livre écrit par Bernard Merdrignac et illustré par Nicolas Wintz chez Gallimard jeunesse.

 

croquis d'aménagement du Brendan

croquis d’aménagement du Brendan

Tim Severin fut l’un des premiers ethnologues à s’intéresser à ces voyages maritimes légendaires. Son interprétation du voyage lui fit dire que Brendan et ses compagnons seraient allés jusqu’à Terre-Neuve sur le continent américain en passant par l’Islande et le Groenland. Il voulu le démontrer en refaisant ce voyage dans des conditions proches. C’est ainsi qu’en 1976, il conçut et réalisa un grand curragh en bois recouvert de peaux de bœuf. Puis sur deux étés consécutifs, il réussit à rejoindre Terre-neuve, avec cinq compagnons.

Cet exploit est raconté dans un livre de Tim Severin « le voyage du Brendan », édité notamment chez Albin Michel.

Le Sant Efflam

Le voyage du Sant Efflam est une épopée moderne réalisée en 1999 par un groupe de passionnés de l’association « Aux marches du Cranou » dans la région de Landévennec. Ils voulaient vérifier la vraisemblance des traversées entreprises par les moines celtes du haut moyen-age.

Saint Efflam serait un autre moine celte venu d’Irlande avec sa femme Enora. Ils seraient arrivés, dans leur curragh, sur la plage de Plestin les Grèves où ils vécurent chastement dans un ermitage se consacrant à Dieu.

Sant Efflam en navigation

Sant Efflam en navigation

 

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Dessin de la stèle de Bantry

La genèse du projet de construction d’un bateau de cuir et le récit de la traversée sont racontés dans deux superbes articles de la revue Chasse-marée (N° 136 et N° 143).

La construction a suivi une démarche historique qui a fait l’objet de visites à des constructeurs irlandais de curragh, s’est adjoint les compétences de l’architecte naval François Vivier. Elle a durée plusieurs mois, a été réalisée par des bénévoles.

La navigation a duré tout un été, en partant de l’Écosse, pour passer par la côte ouest de l’Irlande, les iles d’Aran, les iles Skellig, la Cornouailles anglaise, Les iles Scilly, Ouessant puis Douarnenez et Landévennec.

Plus tard, ces navigateurs repartiront vers la Galice. Ensuite, le bateau sera exposé à Brest puis à Rennes. Malheureusement, il serait actuellement dans les réserves du musée maritime de Douarnenez…

Le Colmcille

Le Colmcille est un grand curragh des cotes nord de l’Irlande. Il a été baptisé du nom de Colmcille en souvenir de Colomba, moine celte qui fonda un grand monastère sur l’ile de Iona. Ce fut un compatriote de Colomban. Il se consacra à évangéliser l’écosse. « Colomban était surnommé Colm Cille – Colombe de l’église alors que Colomban était Colm Ban – Colombe blanche » nous dit Peter Tremayne dans le Cavalier blanc.

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Ce bateau est utilisé au sein d’une association qui souhaite préserver le riche patrimoine maritime des côtes nord de l’Irlande. Depuis 1997, cette association a organisé de nombreuses expéditions vers Iona, la Bretagne, la Galice, etc…

Le Brioc

brioc-lanilisLa construction du Brioc, lancée par Louis Boquenet, s’inscrit dans un projet social d’insertion par le travail associé à un projet culturel sur les origines de la ville de Saint-Brieuc (Brioc1999-02-16-OF ).

Aujourd’hui, il aurait été cédé à l’association du Père Jaouen sur l’Aber Wrach. A l’occasion, il est utilisé pour des fêtes médiévales.


L’ex-voto Saint Colomban

pardon2015-2-merDepuis longtemps notre association aspirait à disposer d’un ex-voto représentant le bateau qui a amené Colomban sur nos rives, afin de l’associer à la procession du pardon de la Saint Colomban sur la plage du Guesclin. Cette idée a enfin pris forme en 2015 lorsqu’un des membre de notre association, Yannick Chauffaut, a pris de temps de le construire. Sa première sortie a eu lieu au pardon de juillet 2015. L’hiver suivant verra la décoration des deux voiles du bateau.

Sa construction

Notre président d’honneur  a contacté l’architecte François Vivier qui avait participé à la conception du Saint-Efflam. Ce dernier a accepté que nous ré-utilisions les plans de forme de ce bateau pour construire notre ex-voto. C’est une réduction au dixième de ce plan. La coque fait donc environ 1,80m.

Bien que cet ex-voto ne soit qu’une maquette non destinée à naviguer, sa construction a cependant été faite dans les règles de l’art de la construction navale. L’armature en bois respecte le plan de forme puis a été recouverte d’une toile de lin et ensuite enduite de peinture noire.

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Le curragh est doté de deux mâts avec deux voiles  carrées : une grande sur l’arrière – la grand voile, et une plus petite à l’avant – la misaine. Il dispose aussi de deux paires d’avirons très fins à la mode irlandaise.

Sa décoration

La coque est peinte en noir. Son nom « Saint Colomban » est mis sur le tableau arrière. A l’avant, sur tribord on trouve l’évocation de la première partie du voyage de Colomban « Bangor St-Coulomb » et sur bâbord la deuxième partie « Luxeuil Bobbio ».

Pour les voiles, nous réutilisons les motifs du logo de l’association pour mettre la silhouette de Colomban et sa colombe sur la misaine et une croix celtique sur la grand voile. Yannick Chauffaut a découpé les motifs dans un tissu feutré marron clair. Nicole Forgeoux, également membre de l’association, a cousu et décoré ces motifs sur les voiles. Le rendu est superbe.

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Curragh Saint Colomban

Curragh Saint Colomban


Références