Le joli mois de mai colombanien

Une riche actualité en mai 2024

Pardon de Brélidy ; Excursion en Bretagne : Brélidy, Lanleff et l’abbaye de Beauport ; Accueil des Irlandais Tanya et Michael King à Saint-Coulomb ; Les résidents de la Girandière de Saint-Malo découvrent saint Colomban ; Invitation au Centre Abbé Fouré à Saint-Malo.

5 mai – Pardon de Brélidy

Cinq membres du Conseil d’Administration des Amis Bretons de Colomban, dont notre président René Forgeoux et son épouse Nicole, se sont rendus chez nos amis des Côtes-d’Armor pour le pardon Saint-Colomban de Brélidy.
Un sympathique café d’accueil a réchauffé la délégation colombanienne arrivée sous une pluie froide vers 10h. Les délégués étaient reçus par Pierre-Marie Garel et son épouse Martine, respectivement maire et référente du relais paroissial, mais aussi adhérents de l’association. Le mauvais temps avait contraint les organisateurs à annuler la traditionnelle procession autour de l’église avec la bannière et le buste reliquaire de Colomban. Alors les fidèles sont entrés directement dans l’église qui s’est vite remplie pour la célébration à 10h30. Le Père Gladimir Museau, originaire d’Haïti et nouvel administrateur de la paroisse de Guingamp, célébrait la messe, assisté d’un diacre et d’un servant d’autel. Une chorale accompagnait la cérémonie, pendant laquelle le curé a béni le nouvel ambon (table de lecture). Les paroissiens étaient ensuite invités au verre de l’amitié dans une salle de la mairie.
La journée s’est agréablement poursuivie, avec un déjeuner à la salle des fêtes offert par M. et Mme Garel à notre délégation. A ce repas étaient également invités M. le Curé et quelques amis proches. Ces échanges amicaux se sont prolongés jusqu’en fin d’après-midi.

14 mai – Excursion à Brélidy, Lanleff et l’abbaye de Beauport : sur les Chemins…

Nous les redoutions, nous les avions même anticipées car les prévisions étaient pessimistes. Mais les averses avaient choisi de rincer uniquement notre car et auront épargné nos têtes lors de cette belle journée costarmoricaine. Nous étions 33 participants à rejoindre notre chauffeur Christian Herveïc de bon matin à Saint-Coulomb.

Brélidy

Destination Brélidy une nouvelle fois, où dès la descente du car Monsieur le Maire Pierre-Marie Garel et son épouse Martine nous recevaient à bras ouverts. Un accueil VIP à faire pâlir de jalousie le tapis rouge du Festival de Cannes qui ouvrait le même jour ! Car la presse étant conviée, après le café de bienvenue nous avons rejoint la place de l’église, où René Forgeoux et Martine Garel ont accordé une interview aux quotidiens Ouest-France et Le Télégramme. Puis les photographes ont capturé l’instant avec l’incontournable photo de groupe.

Le village de Brélidy, qui recense près de 350 habitants, est administré avec passion par Pierre-Marie depuis 2006. Il est situé en bordure d’un plateau escarpé, sur une motte féodale datant des 8e-9e siècles. Subsistent les vestiges d’un ancien château fort : fossé, maçonnerie de la base des tours, chemin de ronde. Le château actuel de style renaissance fut construit au 16e siècle en contre-bas, avec les pierres de l’ancien château. Il est reconverti en hôtel-restaurant.

Avec l’effacement des réseaux électriques, la réalisation d’un cheminement piétonnier et d’espaces de stationnement, la rénovation de la mairie et de la salle des fêtes, le centre bourg montre un visage dynamique. Les maisons modernes voisinent parfaitement avec les constructions traditionnelles en pierres qui font le charme de ce coquet village breton.

Guidés par nos hôtes pour une visite approfondie du patrimoine local, nous sommes entrés dans l’église Saint-Colomban, bâtie en 1884 sur les ruines de l’ancienne église de 1727. Pierre-Marie a alors passé la parole à Martine pour une description détaillée des objets mobiliers (dont certains classés à l’inventaire des monuments historiques) :

  • Une bannière de procession en velours et soie du 17e, brodée de fleurs en fils d’or et d’argent
  • Un buste reliquaire de saint Colomban du 17e en bois polychrome. Pourquoi saint Colomban patron de Brélidy ? Une chapelle avoisinante possédait depuis les années 1500 les reliques de plusieurs saints dont saint Colomban. Selon les écrits elles furent acheminées de Rome par des pèlerins revenant des croisades. Une partie de ces reliques et le buste de saint Colomban furent donnés au recteur de Brélidy en 1746
  • Des statues en bois polychrome : Vierge à l’Enfant du 17e, saint Colomban du 17e, saint Yves du 19e
  • Deux autels et un maître-autel en chêne foncé sculpté du 19e. Sur l’autel Saint-Colomban figure une sculpture du saint recevant trois paysans ainsi qu’une femme et un enfant agenouillés

Près de l’église démarre un sentier abrupt au milieu de la verdure. Nous y avons suivi Martine pour découvrir la Fontaine Saint-Colomban, le long de la rivière du Théoulas. Complétée d’un enclos de pierres de 4,5 m sur 4 m, elle comporte une niche ornée pendant plus de deux siècles d’une statuette du saint. Celle-ci fut volée dans les années 1990. Les eaux de la fontaine avaient la réputation de guérir les maladies mentales. Elles permettaient aussi aux enfants tardifs de faire leurs premiers pas. On asseyait le bambin sur le bord d’un bassin alimenté par un petit canal. L’endroit est souvent visité par les pèlerins irlandais qui suivent les pas de Colomban. En effet Brélidy est un village-étape dans le cadre de la Via Colombani, qui relie les différents lieux où Colomban est vénéré. Ce chemin de randonnée traverse l’Europe, de l’Irlande où Colomban est né jusqu’en Italie où il est décédé.
Après cette visite guidée nous avons partagé un délicieux déjeuner à la salle des fêtes. Si convivial… que les convives s’attardaient. Les au revoir à Pierre-Marie et Martine s’éternisaient et il a fallu presser un peu les cinq tablées car nous étions attendus à Lanleff. Nous avions pris du retard !

Temple de Lanleff

Fort heureusement, à 18 km de là Michel Le Roux nous attendait patiemment, assis sur un muret près du Temple de Lanleff. Guide bénévole et Président de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine (ASP) dans ce village de 122 habitants, l’homme nous a conté l’énigmatique histoire du Temple. Discours épicé de son bel accent breton et son sens de l’anecdote.


Le Temple est un monument pour l’essentiel en grès rose. C’est sans doute le plus ancien édifice du Haut Moyen-Age visible en Côtes-d’Armor. A l’origine il comprenait deux enceintes circulaires concentriques séparées par un déambulatoire. Ne restent aujourd’hui qu’une partie de l’enceinte extérieure avec deux absidioles sur trois préexistantes, et l’enceinte intérieure constituée de douze arches soutenues par des piliers. Ceux-ci sont ornés sur leurs chapiteaux et leurs bases de plus de 140 sculptures étranges, comme le fameux « Adam pudique ».
A proximité du Temple le guide a attiré notre attention sur l’exposition de cinq sculptures récentes en granit, réalisées par l’artiste Bernard San Miguel. Financées par l’ASP, ce sont des répliques des éléments décoratifs gravés sur le temple, que le temps érode petit à petit, au désespoir de M. Le Roux.


L’intérêt du monument est renforcé par son mystère. Les archéologues ont émis diverses hypothèses sur son origine et son usage. Temple antique à la gloire des idoles et du soleil, temple gaulois, baptistère mérovingien, église des templiers ? Il s’agirait en fait d’une ancienne église romane, construite sur un plan circulaire, comme plus tard l’église Sainte-Croix de Quimperlé. Sa forme et sa rotonde évoquent aussi le Saint-Sépulcre de Jérusalem. Certains spécialistes estiment que l’édifice date du 10e siècle, d’autres du début du 12e. L’écrivain Prosper Mérimée s’y est intéressé et a fait classer le Temple à l’inventaire des monuments historiques. M. Le Roux affirme que sous le Temple les sourciers ont détecté des nappes phréatiques au moyen de baguettes ou pendules.


Au pied d’un mur près du Temple se cache un lavoir, alimenté par une fontaine protégée par une grille. On dit que par ses profondeurs on pouvait communiquer avec le diable, et une légende de pacte diabolique s’y rapporte. Une pauvre mère un peu sorcière, ne pouvant plus nourrir ses nombreux enfants, conclut un marché avec Lucifer : elle donnerait l’un de ses enfants contre des pièces d’or. L’échange se fit sur le bord de la fontaine. Le diable saisit l’enfant et mit dans la main de la mère des pièces brûlantes du feu de l’enfer. La femme se brûla si cruellement qu’elle les laissa tomber. On peut encore voir sur la pierre du lavoir l’empreinte des pièces.

Abbaye de Beauport

La visite de Lanleff achevée, le mystère des lieux trottait encore dans nos têtes lorsque nous avons repris la route vers l’abbaye de Beauport près de Paimpol. Et dans cet endroit grandiose nous avons été accueillis par une jeune guide pleine d’entrain et d’humour, que nous avons écoutée avec attention.

Au début du 13e siècle les chanoines de Prémontré s’installèrent à Beauport à la demande du comte Alain de Goëlo. A l’exemple de ce dernier, de nombreux petits seigneurs donnèrent une partie de leurs biens. Durant 600 ans l’abbaye devint un centre religieux et économique influent. Les bâtiments gothiques s’organisent autour du cloître suivant le plan des abbayes de l’époque, avec la salle des hôtes, la salle au duc, la salle capitulaire et les celliers. Fermée à la Révolution française, l’abbaye fut divisée en lots et vendue à trois familles de Paimpol. Sa vie laïque commença. Les bâtiments furent transformés successivement en étable, salpêtrière, ferme, mairie, logements, école, cidrerie. Des toitures s’effondrèrent. Depuis, l’abbatiale et le réfectoire sont à ciel ouvert. L’abbaye fut finalement classée MH en 1862 grâce à ses propriétaires de l’époque, Mélanie Morand et son mari le comte de Poninsky.


En 1992 le Conservatoire du Littoral acquiert l’abbaye et son domaine, pour protéger l’histoire et la beauté des lieux. Débutent alors vingt ans de travaux en collaboration avec le département. La visite de l’abbaye se conjugue aujourd’hui à une riche vie culturelle (expositions, spectacles, ateliers). Beauport renoue aussi avec la tradition intellectuelle des abbayes en s’inscrivant dans une démarche d’échange sur le rapport Homme-Nature.


Forts de ces informations, en fin d’après-midi nous nous sommes éparpillés pour un « temps libre » sur le domaine. Tandis que certains choisissaient un arrêt à la boutique ou une pause au Café L’Herbe Folle, d’autres optaient pour une balade derrière l’abbaye, longeant rivage et marais sous les yeux de vaches paisibles et d’oies sauvages. Le ciel torturé nous offrait une lumière magnifique qui perçait les nuages.


Le domaine se déploie sur plus de 100 hectares de milieux maritimes et terrestres. Roselières, grèves, marais bordent les rivages de l’abbaye. Bois, ruisseaux et étangs structurent l’intérieur des terres. L’abbaye est entourée de jardins offrant une diversité végétale. Beauport possède aussi des vergers, et le Conservatoire du Littoral a préservé les variétés anciennes de pommes encore présentes. Sur les 60 variétés conservées, 80% sont spécifiques à Beauport. Un cru artisanal de cidre et de jus est fabriqué à partir des pommes du site.

Faut-il préciser que Beauport est le point de départ d’un chemin balisé de 1800 km jusqu’à Saint-Jacques de Compostelle ? Ce chemin traverse entre autres la localité de… Lanleff !
Brélidy sur la Via Colombani, Lanleff et Beauport sur le chemin de Compostelle… oui mais à 18h c’est celui du retour que nous avons dû prendre, encouragés à la montée dans le car par des biscuits confectionnés et distribués par Armelle. Que de joie partagée au long de cette journée « sur les chemins », les derniers voyageurs avaient même du mal à se quitter sur le parking de Saint-Coulomb !

17 mai – Venue des Irlandais Tanya et Michael King à Saint-Coulomb

Michael King nous était recommandé par Deborah Girvan, Présidente des Amis de Colomban de Bangor. Archéologue comme son épouse, historien, auteur, ancien Directeur du Down County Museum à Downpatrick et membre des Amis de Colomban de Bangor, le jeune retraité à présent guide touristique est venu découvrir la Bretagne au cours de ses vacances. Il existe des liens entre les villes de Bangor et Downpatrick, toutes deux proches de Belfast, par l’intermédiaire du moine de Bangor saint Diarmait (anglicisé en Dermot). Ce dernier, qui devint le fondateur du monastère de Castledermot, avait des contacts avec saint Gall, disciple de Colomban. Michael King a dirigé le projet visant à transférer dans une nouvelle extension du musée la haute croix Saint-Patrick datant d’environ 900 apr. J.-C., puis à la remplacer par une réplique à l’extérieur de la cathédrale de Downpatrick.

Lors de leur brève visite il n’est donc pas surprenant que M. et Mme King aient porté un vif intérêt à l’histoire et au patrimoine colombaniens. Ils étaient guidés par René Forgeoux et Martine Le Bail dans l’église de Saint-Coulomb puis au monument plage du Guesclin. Leur souhait étant de faire plus ample connaissance avec notre association, nous ne manquerons pas de les inviter à nos futurs événements.

23 mai – Les résidents de la Girandière de Saint-Malo découvrent saint Colomban

Même opération découverte, initiée auprès d’un public local. Après deux visites de bénéficiaires du SAAD* du CCAS de Saint-Malo en juillet 2023, cette année c’est la résidence senior la Girandière de Saint-Malo qui a fait connaissance avec le monument plage du Guesclin et l’église de Saint-Coulomb.

Encadrés par leur animatrice et une accompagnatrice, neuf résidents ont partagé un déjeuner à la crêperie de La Guimorais avec René et Martine, avant de découvrir le lieu où Colomban débarqua avec ses compagnons, puis les trésors de l’église. Nous espérons leur venue au prochain pardon.
*SAAD = Service d’Aide et d’Accompagnement à Domicile

30 mai – Invitation au Centre Abbé Fouré à Saint-Malo

Joëlle Jouneau est présidente des Amis de l’Œuvre de l’Abbé Fouré. Créée en 2010, cette association s’est fixé une mission de mémoire, faire connaître l’Abbé Fouré, précurseur de l’Art Brut en Bretagne. Les projets se sont depuis multipliés : expositions, balades contées, numérisation des œuvres, valorisation et sauvegarde.


Avec ses partenaires, Mme Jouneau inaugurait ce jour deux nouvelles répliques de saints ainsi que l’innovation « Holusion », visite virtuelle en 3D des rochers sculptés par l’Abbé Fouré à Saint-Coulomb de 1894 à 1904. Etaient présents entre autres officiels Isabelle Dupuy, adjointe au maire de Saint-Malo chargée de la culture, le Père Hervé Huet, curé de Saint-Malo (hors cathédrale), ainsi que des associations locales dont Les Amis Bretons de Colomban. Au cocktail une conversation s’est engagée entre nos trois représentants et le Père Huet, étonné d’apprendre l’existence de notre association et visiblement captivé par l’épopée de Colomban. Nous le retrouverons certainement prochainement !