Aucune fausse-note à Saint-Coulomb en ce dimanche 23 juillet 2023, jour du pardon de la Saint Colomban, de la mer et des motards, organisé par les Amis Bretons de Colomban, les pêcheurs-plaisanciers « Les Courtils » et les motards de la « Breizh Colombanaise ».
La journée a été un peu maussade à cause de la pluie mais comme toujours riche en émotions et rencontres. Nous rappelons aussi que ce rassemblement s’inscrit dans la tradition des pardons bretons qui sont aujourd’hui reconnu en tant que patrimoine immatériel.
Une journée maussade mais riche
Le ciel était menaçant au matin sur la plage du Guesclin mais offrait une belle lumière aux pèlerins et touristes accueillis dès 10h par les chants de marins du groupe Moby Dick, fidèle partenaire qui nous a accompagnés au long de cette belle journée. Une dizaine de bateaux étaient au rendez-vous près du rivage malgré le temps maussade, tandis que la SNSM de Cancale assurait leur sécurité. Comme chaque année nous avons hissé la bannière de Saint Colomban sur un navire et déposé une gerbe pour les péris en mer, puis bateaux et marins ont reçu la bénédiction de Mgr Jean Bondu, évêque auxiliaire de Rennes.
Fidèles et religieux ont ensuite remonté la plage, portant la bannière et le curragh de Saint Colomban. Puis ils ont entamé la procession sur la dune jusqu’au monument à Saint Colomban pour un chant et une prière. La pluie s’invitant à cet instant, l’association « L’envolée de la Baie » a dû annuler le symbolique lâcher de colombes. A proximité s’est ensuite déroulée la messe en plein air… sous les parapluies. Elle était présidée sur le podium par Mgr Bondu, assisté de frère Thibaut du Pontavice (curé de Cancale), de l’abbé Yannick Véron (ancien curé de Cancale), de l’abbé Gérard Pelletier (curé de la paroisse St Colomban dans le diocèse de Meaux), du diacre Patrick Vaineau (de Quimperlé) et du diacre Samuel Marquet (de notre diocèse).
A l’issue de la cérémonie Mgr Bondu a béni motos et motards qui le souhaitaient, puis un verre de l’amitié a été offert sur le site par la municipalité à tous les participants au pardon.
Adhérents des Amis Bretons de Colomban et officiels se sont ensuite réunis pour un déjeuner servi au « Phare » à Saint-Coulomb. Nous remercions ainsi de leur présence Grégoire Super (maire de Locminé) et son épouse, ses adjointes Véronique Kervarrec et Isabelle Allioux, Pierre-Marie Garel (maire de Brélidy) et son épouse, ainsi que Jean-Michel Fredou (maire de Saint-Coulomb) accompagné de quelques élus. Ce repas riche d’échanges et de nouvelles amitiés s’est poursuivi dans la convivialité avec quelques pas de danse, avant de se clôturer en fin d’après-midi.
Le pardon breton : reconnu patrimoine immatériel
Devant le succès incontesté des pardons, même à notre époque, il serait intéressant de nous arrêter un instant sur leur origine et leur forme. Tradition essentiellement bretonne, témoignant d’une spiritualité marquée par une profonde dévotion aux saints locaux, les pardons apparaissent vers le 15e siècle, à une époque où l’on cherchait à expier ses péchés – avec l’intercession du saint local – par peur de l’enfer et avec la volonté de rejoindre le paradis. Les pardons connaissent un essor à partir de la Renaissance, puis perdent de leur importance au 18e siècle, pour renaître sous leur forme actuelle au 19e siècle. Aujourd’hui le rapport au péché est différent, le côté spirituel de l’événement se concentre sur le positif et la dimension festive.
Le rituel religieux consiste traditionnellement en une messe précédée d’une procession en extérieur vers un lieu sacré. Reliques ou objets en rapport avec le saint tels que statue et bannière font partie de la procession. Celle-ci est parfois circulaire (la troménie), parfois elle comporte un parcours en mer. Une bénédiction est souvent donnée lors du pardon. Elle est dédiée en fonction du saint et des vertus qui lui sont attribuées, destinée à un type de personne, d’animal ou d’objet précis. Saint Colomban est ainsi protecteur des motards (depuis 2011), Saint Yves protecteur des avocats, Saint Herbot protecteur des chevaux et bovins etc.
Au-delà de leur dimension religieuse, les pardons sont des moments fédérateurs entre croyants et non-croyants. Rencontre entre le sacré et le profane, ils sont un attrait pour le tourisme local, car en général accompagnés d’une fête avec musique traditionnelle, danse, boutiques en plein air, attractions, feu d’artifice…Au total près de 800 saints bretons sont célébrés chaque année. On estime qu’il y a environ 2000 pardons organisés en Bretagne entre les mois de mai et d’octobre.
En 2020 les pardons ont été inscrits à l’inventaire national du patrimoine culturel immatériel en France (PCI), premier pas vers une inscription au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. « Connaître, pratiquer, transmettre » sont les objectifs du PCI qui fait le lien entre patrimoine matériel et naturel.